Le carnet des Garçons
Ô malheur! Ô desespoir! Que de garçons pour un lit vide. C'est fou à quel point on s'entend mieux avec les garçons qu'avec les filles : de fait on les collectionne, Petite et moi ( Quoi? vous ne savez pas qui est Petite?). Des grands, des beaux, des doux, des gentils. Voici - pour que vous puissiez débrouiller mes notes- mon petit bestiaire adoré, mon carnet des garçons.
Celui qui a le plus fait parler de lui cette année : Demi-dieu.
Demi-dieu est grand. Demi-dieu est fort. Il a le verbe haut, un appartement lumineux, une coupe de cheveux parfaite. Sa salle de bain est innondée - comme sa personne d'ailleurs- d'Axe. Le problème, c'est qu'il a plus de fringue que moi. Est mieux coiffé que moi. Passe plus de temps que moi à dire " Je". Le problème de Demi-Dieu, c'est qu'il le sait. Selon la logique, Demi-Dieu a voulu draguer ma soeur, Demie-déesse de son état. Catastrophe, passage sur l'oreiller, égo malmené, efforts croisés pour chute douloureuse. N'empêche j'ai un secret de chipie pour vous : les Demi-Dieux, ça ronfle toute la nuit et au matin, avant de prendre le bus ça confesse " houlàlà, je suis fatigué, on a pas dormi de la nuit". Ayant un cycle hormonal très bien reglé, je prévois le retour de Demi-Dieu dans nos vies pour le 13 Octobre environ.
Le Garçon-UMP. Elu à l'unanimité meilleur Garçon de l'année. Il est beau, il est grand. Il est toujours bien habillé. Il est poli au dernier . Il est un noble sans particule, à droite toute. Il récuperera un château le jour de son mariage et vient d'être nommé attaché parlementaire. Et le mieux, le bonus cadeau : il est humain. A vous faire pleurer durant une soirée UMP ( pleurer de joie s'entend (ça s'est vraiment un exploit)) il est humain. Bon ok, on peut difficilement le sortir partout : Barbès, Tati and co, il connaît pas trop. Mais on pourrait lui faire tester. Aristocrate deshinibé, le gendre parfait pour ma mère. Point fort : on peut aller à la messe avec lui le Dimanche matin, et ensuite aller prendre un brunch, sans avoir à s'excuser de notre pratique religieuse comme d'un truc arriéré.
Le Chat-botté . Il n'est pas très très grand mais il est pas mal fort. Surtout pour ré-agencer comme des pièces de puzzle mon coeur ou mon corps désarticulé. Il a toujours été là. Sera toujours dans mon coeur. Oui je sais c'est fleur-bleu mais c'est ça l'est nettement moins sur le terrain. Des claques bien placées, des fessées bien méritées. Des coups de gueules bien senti, pas de sentimentalisme pour le chat-botté. Et pour une fille - forcement sentimentale- le bas blesse un peu. Mais je l'aime comme il est, mais j'lui dis pas trop . C'est jamais facile de dire je t'aime à un mur.
Le Garçon-Indien. C'est l'épaule solide du moment. Une valeur sûre. Sous des pulls aux couleurs criardes mal choisies, le Garçon Indien, c'est le calme et la force de l'océan quand le vent ne souffle pas. Doux et reservé, c'est le genre de mec qui vous rattrape quand vous ratez une marche, qui vous porte dans ses bras quand vous tombez dans les pommes, qui arrive en courant à trois heures du mat' parce que vous avez perdu votre clef. C'est surtout le respect incarné.
Le Garçon-multicolore. Il est d'Afrique, là où la guerre ravage. Ses parents l'ont fuie quand il était gosse.J'aime ses belles boucles noires et sa capacité à s'enfuir de l'Europe malgré tout. Lundi il vient dîner avec un complet veston. Et vendredi vous dansez le coupé-décalé dans la boîte africaine du coin.
Le Garçon-Réunionnais. A éviter quand vous déprimez. Il se sent tributaire de toute une faillite sociale de la population noire en France, et s'entend être le contre-exemple. Ses épaules ploient sous le poid qu'il s'impose seul d'une réussite forcée, acharnée. Il a les ambitions d'un Lion - Ena, docteur en droit - et les méthodes d'un caïman prêt à tout pour réussir - accessoirement marcher sur les autres. Mais il nous fait pitié comme un chien mouillé. Il y a de la douleur en lui. Ah oui, pour mieux singer le modèle européen, il constitue le fan club du Garçon-Ump et s'obstine à nous vouvoyer, en nous appelant par nos titres civiles : Mlle machin-truc. Attention sms de trois pages.
Le Garçon. Cas étrange, affaire pas encore démêlée. Figurez-vous que je me suis acoquinée pendant quatre ans avec un garçon un peu bohème, un peu hors du temps . Fan de ciné, simple, pas chiant, bercé par bulle de l'enfance ; tout mon contraire quoi. Intéressante recontre avec l'Autre. Et le jour de mon départ, un silence radio que je ne saurai interpréter. Comme je déteste l'impolitesse, c'est pour moi la rupture difficile mais fatidique. Je n'ai même plus la force de crier, de l'engueuler.
Le Garçon-photo. Il est là .C'est à lui que vous devez les photos présentes sur ce site. Histoire difficile pour incompréhension mutuelle, et violentes déchirures. J'ai pas été maline, mais pas du tout sur ce coup là. Il vole maintenant, rafistolé sans doute, avec un autre bonheur et sous d'autres cieux. Nous nous sommes vus un an, ou presque. Il restera toujours de nous l'existence d'un petit chat, un truc que j'aime fort.
Le Garçon-Voyageur. Il est Juif, californien, a le ventre de Bouddha et des boucles de bébés. Tuteur de son grand-père sénile, il vit dans un appartement confortable en face du sénat, très Louis XVII. Et pourtant, il a dormi sous tous les ponts, dans tous les bouges. Avec son sac à dos et son dictionnaire il a tout goûté. Curieux du monde et des Autres, c'est avec son coeur que nous avons fait les plus beaux voyages.
Le Garçon- Grincheux. Il est grincheux, rien à dire. Mais son aggressivité de façade ne cache qu'une solitude qu'il peine à vaincre. C'est le coup de coeur de Petite.
Et on termine par mon preféré : le Garçon-fille. On l'appelera Elle. Ca lui ferait plaisir. Il paraît que s'il avait pu choisir son sexe et son corps, il aurait voulu avoir mon corps. C'est presque le plus beau compliment qu'on m'ait fait. Je vis maintenant à quelque pas de chez lui et nous pourrons recommencer à regarder les vagues en guise de goûter, comme quand nous étions ados, parce que l'odeur de l'écume vous passe toute envie de sentir, de réflechir.
Eh bien voilà. Je n'ai qu'un seul désir ; que la liste des Garçons se resserre fraternellement autour de nous et surtout qu'elle s'enrichisse.