Les filles
Je ne suis pas encore morte, mais presque. Entre le redéploiement des médecins, les prises de sang et les ponctions lombaires, et la douleur, il faut quand même faire sa rentrée. Et son méa culpa. J'avais prédit, bonne madame la pluie, que cette année, moi et ma team de fille de Capes, se serait la gueguerre, qu'on se tirerait les nattes en intercours, et qu'on se chamaillerait sur les nuances de rouge à lèvres.
En fait je suis assise dans une salle. Il fait beau mais ça m'importe peu. Et les filles sont là. On se croirait à peu de chose près dans la biblio du CIEF. Moi les filles, les autres. De fait non, il y a une énorme différence. Je réapprends, avec mon retour dans un tissu social un peu plus hétérogène, qu'en fait ce n'est pas moi qui suis asociale, que non, je ne fais pas fuir les gens. Ma solitude métropolitaine n'était égale qu'à l'indisponibilité spirituelle et peut-être à l'autocentrisme de quelques parisiennes. Ici on me parle. On me rigole. Les filles sont adorables en fait. Elles s'accueillent, elles se rigolent. Elles sont tellement bien dans leurs baskets que ça ne leur coûte rien de vous dire que votre garde-robe est très chouette ; les compliments ne leur arrachent pas de bras. Puisque j'avais promis des histoires de filles, je vais cependant faire un point de fille dans cette bonne humeur rose bonbon. De toutes, je suis la seule qui n'a pas de job, qui n'a pas de blagues, et surtout, qui n'a pas de copain! Certaines sont mariées, d'autres mères de familles, d'autres en couple depuis 8 ans; la plupart emmenage avec leur namoureux, et moi, je reste seule. J'ai alors vu l'étincelle même pas méchante dans leurs yeux : hiiin mais elle doit avoir de gros problèmes psychologiques celle-là si avec un F2, une bourse, un derrière et une garde-robe pareille, elle est toujours célibataire!
Finalement, heureusement qu'il y a les filles...